mardi 5 avril 2011

le mythe de l'étoile filante

Elle ouvrit les yeux ce matin, à l’aurore. Elle devrait s’extraire de son lit, braver la vie le temps et la froideur. Mais elle ne voulait pas quitter le sommeil ; elle sait très bien que ce n’est point facile de vivre le réveil. Elle n’avait qu’une envie qui occupait son esprit et son cœur. Elle ne voulait pas quitter le sommeil, et elle se mettait en transe à la moindre pensée au réveil…
loin de son lit, hors de ses draps, elle devrait affronter la cruauté qui nourrissait les esprits, la haine ancrée dans les cœurs et tout ce monde qui se déshumanise de jour en jour…
Elle se levait…elle s’asseyait au bord de son lit… elle pensait à ce monde d’extérieur. Elle essayait de comprendre … elle cherchait à comprendre l'incompréhensible…
elle tenait sa tête entre ses deux mains… elle la serrait fort ! Tellement fort qu’elle a eu mal.
Elle faisait un effort pour comprendre. Mais pourquoi comprendre ? Elle a  essayé  mais en vain…
il y a quelques semaines elle s’est aperçue que sa poitrine n’est plus plate. Son corps changeait, son bassin s’élargissait. Elle aura des belles hanches sans aucun doute. Ce qu’elle n’arrive pas à comprendre ; pourquoi ce changement lui vaudra l’exil ?
Sa petite maman lui a défendu il y a quelque temps de courir… Elle avait de longues jambes et adorait se lancer dans les aires… Elle rêvait de conquérir la terre… c’était juste une envie… Elle vivait de ces utopies.
Sa petite maman lui interdisait beaucoup  de choses ces derniers temps … elle a envie de comprendre …
Fallait-il comprendre ?
Elle attacha ses cheveux en queue de cheval. Elle avait de beaux cheveux, doux qu’elle s’amusait à les coiffer et à les défaire… parfois détachés souvent bien faits…
Elle se leva, elle hésita  … elle n’a plus envie d’être « ailleurs »… elle préférait l’ « ici »… Ici elle continuera à rêver, mais ailleurs elle se heurtera à l’oppression. 
Cette oppression qu’on lui a fait croire qu’elle était divine…
Ses rêves !!! Elle ne laissera personne voler ses rêves… elle les serrait contre elle, dans ses bras, elle les embrassait  elle les caressait…


Elle comprend de moins au moins… il y a quelques jours, une peur lui a déchiré le ventre… Sa petite maman lui a expliqué : « ça s’appelle les règles, tu es devenue femme, MAIS, attention… »
Elle ne voulait pas quitter son enfance… Elle tenait fort à cette insouciance et à cette innocence…
Elle avait envie de se travestir, et jeter loin tous ce qu’elle possédait de féminin… en premier lieu ce corps…
Mais elle ne voulait pas des deux camps ; ni les femmes corbeaux, ni les males loups affamés… elle ne sait pas d’où elle est issue?! Fallait-il tout savoir ?
Elle pensait à sa petite maman, avec sa tenue sombre, triste qui couvrait tous sauf son  impuissance et sa dégradation… mais surtout elle pensait à sa petite maman avec ses yeux maussades et son sourire timide qu’on ne voit rarement …
Elle revit sa petite maman préparant le thé pour son mari. Elle a cherché dans cette image le modèle d’épouse amoureuse, ou d’une amie affectionnée…Elle ne vit qu’une « 
Fatima »  soumise écrasée altérée et désaimée…
Elle avait décidé  de ne jamais prendre cette voie ! Elle a décidé de ne pas ressembler à cette petite maman ! Elle a pris cette décision de dessiner de ses propres mains son destin ! Elle a choisi les couleurs…Rouge, rose jaune vert … Elle les a choisis gais vifs… Elle ne voulait pas d’une vie obscure dans le noir… Elle voulait un avenir lumineux…
Demain, elle devrait porter cette tenue noir triste… Demain elle devrait cacher ses longues jambes, ses beaux cheveux… Demain ça sera son enterrement ! Elle y assistera ! Demain elle enterra ce que Dieu a crée de plus beau et de plus fascinant…
Demain elle sera une de ces femmes-corbeaux…
Elle voulait comprendre, pourquoi ce sort imposé ? Pourquoi Allah les a créent  ainsi, belles fascinantes pour les ordonner après à se cacher … à s’enterrer …Pourquoi ? Fallait-il comprendre ? Peut-on comprendre l’incompréhensible ?
Un dernier regard…Son lit… son armoire…
Elle balaya de regard sa chambre et fit les adieux avec cette enfance délaissée sous son oreiller… Elle ouvrit la fenêtre …
Elle n’aimait pas le noir… Elle n’a aucun problème avec les corbeaux ! Mais être corbeau interdit de voler dans les cieux était infernal haïssable…
elle est partie… elle a échappé à tous ce qui lui fait échouer dans cette vie offerte…
Et aujourd’hui à la vue d’une étoile filante … on pense à elle … la jeune belle fille aux beaux cheveux et aux longues jambes qui conquérait l’univers…