dimanche 12 juin 2011

La Tunisienne



Ma Tunisie gardera  à  jamais  ses vingt ans avec ce verre à la main, quelques feuilles blanches et une plume. Sa voix s'éternise  et  se fuse 
 Ma Tunisie danse sur cette mélodie tantôt maussade  tantôt radieuse ! Elle rit !  elle vit !
 Ma Tunisie adore nos folies ; ‘’ Nous’’  ces jeunes pauvres gens qui croient trop à la vie ! Ma Tunisie est une femme ! Une femme est l’amour ! Et parce que  l’amour se fait rare ici elle se bat  fort pour l’avoir !
Ma Tunisie est une femme ! Une femme est la générosité ! Elle offre la vie à celui qui la cherche, et surtout à celui qui la mérite, à celui qui a bien saisi que la vie est une denrée rare qu'il doit vivre jusqu'au bout.
Elle roule vite, elle court à la rencontre du bonheur !
 Ma Tunisie chante fort et bien l’amour, quoiqu’il arrive elle aime ! Elle porte au fond d’elle même, une explosion d’amour ! Je vous ai déjà dit ; ma Tunisie elle vit !
Elle tolère les différences éthiques, elle pardonne aux autres toutes les erreurs commises au  nom de religion, et de  morale !

 Ma Tunisie est une petite brebis douce au toucher mais féroce quand le mal l’entoure ! Là tu verras ma Tunisie au cœur de loup ; Maligne ruse et forte !
 Ma Tunisie est une jeune belle demoiselle au hammam !  Elle éveille le désir et ne se laisse pas aller…hormis de ses feux d'envie qui la tiennent souverainement. 

Elle est un mélange de jeux de folie et de liberté mais aussi de pudeur et de vigilance ! Elle a bien saisi les règles du jeu ! Le jeu de la vie ! Je vous ai déjà dit : ma Tunisie vit !

Ma Tunisie  est une feuille blanche, que jadis ils sont essayé de la noircir, et de la froisser ! Je vous ai déjà dit ; ma Tunisie devient féroce quand on l’attaque ! Elle est toujours sur la défensive !  

Ma Tunisie joue au bowling avec ses amis, fait le tour des  discothèques  tous les samedis et  loupe la prière du vendredi, pour une échappée avec son bien aimé… je vous ai déjà dit ; ma Tunisie a bien saisi le sens de la vie… et elle vit !

Elle porte au fond d’elle la mélancolie! Elle se bat alors fort pour s’en sortir et garde cet espoir d’échapper à toute contrainte ! Peu importe si cet espoir est vrai ou faux ! Ce qui importe c’est qu’il fait vivre ! Et je vous ai déjà dit ; ma Tunisie vit !

Ma Tunisie travaille dur pour réaliser ses rêves de petite enfant qu’elle était, elle veut devenir médecin, institutrice ou ingénieure, parfois elle n’est autre qu’une prostituée  dans les ruelles de Abdallah Guich ; ou traine avec une bande de malfaiteurs… souvent en chômage errant dans les rues, les mains dans les poches ! Ses mains qu’elle ne sait pas quoi en faire ! Elle croise les doigts les claque… ses deux mains servent aussi à écrire sa vie… mais ce qui agace ma Tunisie c’est qu’on comprend guère  ce qu’elle écrit !

Ma Tunisie est une femme ! Une femme dans un monde hanté par cette crainte qui paralyse ses mouvements ! Comment voudriez-vous que VOTRE Tunisie avance tant que vous gardiez cette peur ! Toute forme féminine  vous fait peur ! Toute femme hante vos esprits, vous ne la percevez qu’en étant un fantasme ou un objet sexuel, vous la réduisez d’un être humain égal à un être inférieur qui ne comprend rien de ce monde, inconstant ! Alors que vous êtes ce mal qui entoure ! Vous êtes ignares , voilà pourquoi ma Tunisie ne vous offre rien, vous qui ne comprenez rien à l’amour comme à la vie !
Vous  régressez  et vous voulez emporter ma Tunisie avec vous en arrière ! Vous ne comprenez rien ! Vous êtes fermés dans vos bulles avec vos histoires de milles et une nuit ! Vous n’êtes pas immobiles, mais tandis que ma Tunisie avance, vous vous retournez en arrières ! Ma Tunisie offre beaucoup d’amour, vous lui réservez tant de haine !

Ma Tunisie n’est pas la votre ! La votre demeure une victime de votre machisme tandis que vous l’apercevez comme une contrainte à dissimuler ! Ma Tunisie vit, la votre meurt ! Vous la tuez à petits feux et vous vous prenez pour des sages rois ! Ma Tunisie vit … Parce que ma Tunisie est une femme vous l’ignorez parfois et vous l’écrasez souvent ! Ma Tunisie est belle et rebelle ! Ma Tunisie suit les interpellations de la modernité ! Elle continuera à fuir  toute forme violente et ésotérique ! Elle ne veut pas masquer le réel et le vrai !  Vous ne comprenez rien ? Je le savais ! Depuis quand vous arriviez à comprendre les propos d’une femme ! Vous ne savez même comment écouter… Ma Tunisie parle et vous lui détournez le dos !
Ma Tunisie n’est pas la votre… Je tourne le dos à vos propos, j'enlace ma Tunisie, qui m'a interdit le désamour et la mort et je vis

lundi 6 juin 2011

Une Cananéenne

Pour eux, je suis une terroriste, une criminelle, un mal qu’il faut coûte que coûte déraciner de cette terre dite « sainte ».
Pour vous je suis un martyre, un ange sur cette terre, un espoir de liberté, et une brise d’air de gloire, tant violée…
Moi, je suis Fatima, une palestinienne sans terre, orpheline, ni père ni mère. Je suis Fatima l’insoumise à cette vie cruelle qu’on m’a offerte. Je suis née de deux êtres qui se sont déchirés une de ces nuits dites d’amour, qui ne se sont plus revues et qui sont partis l’un après l’autre… Je suis née de l’obscurité dans l’obscurité et je m’y suis retournée, sans jamais passer par la voie illuminée de la liberté…
Je n’ai pas choisi mon nom. J’aurais voulu avoir « Hayèt » (Vie) comme appellation, mais la Vie ne m’est pas destinée…
Je suis tout simplement « Fatima » … 

Eux, ils me maudissent.
Vous ; vous avez fait de moi un mythe, une légende d’héroïsme.
Je ne suis pas une héroïne… Je suis Fatima, une palestinienne sans père, sans mère et sans terre… 


Il me manque…
Voici ce qui me blesse à présent ;  son absence et ces cent ans ou mille ans de solitude qui me restent…
Pour lui j’étais un amour, peut être interdit, mais j’étais ces moments de désir d’envie et de vie sur cette terre qui nous fuit…
à présent, je suis un souvenir , un sourire timide qui se dessine sur ses lèvres à la moindre pensée à ces temps d’amourette partagés, et une larme prisonnière qui n’a pas droit de couler sur cette terre, à la moindre pensée à mon échappée…
Ses regards m’ont caressée…
les leurs m’ont humiliée…
les vôtres me font pitié…
les miens se sont accrochés longtemps à la vie, mais je vous ai déjà dit :" je suis Fatima et la Vie ne m’est pas destinée".
Cette dernière soirée, dans cet espace de temps qui me reste à vivre, je l’ai égarée dans la fumé de sa cigarette ; je l’ai noyé dans un verre de vin, pour l’adoucir… j’avais besoin d’ivresse pour oublier mes vingt cinq ans passés dans cette forteresse… j’ai posé ma tête sur son épaule. Mes yeux balayaient cette chambre.
- Où suis-je ? Demandais-je.
-… Le silence préféra me répondre.
-Où suis-je ? Répétais-je.
Rien que le silence qui venait toujours me rappeler que je suis Fatima la palestinienne sans père sans mère, et sans terre…
Je levais souvent les yeux vers les cieux… là-bas où s’installe le Dieu… Fatima la palestinienne sans père sans mère et sans terre, ne voulait pas de ces paradis d’au-delà des cieux… Fatima veut un petit bout de terre…
Le jour de départ, je me suis réveillée tôt, et je me suis fait belle. Oui Je suis Fatima la palestinienne, sans père, sans mère et sans terre, mais je suis belle.
Mes mains ont toujours donné la vie, aux arbres et aux fleurs…
Mes mains ont toujours bercé les petits enfants et ont balayé leurs pleurs
Mes mains ont toujours bien rangé cet espace d’amour  que je m’offrais …
Mes mains cherchaient une vie.
Les leurs déchiquettent les vies.
Les vôtres immobiles, se plongeaient dans une paresse infernale que je maudis.
Mes mains caressaient ma ceinture d’explosifs…
Les mains de Fatima, pour la première fois, vont voler une vie, pour un petit bout de terre… 
Je venais de nulle part, me donner la mort ici…
Je ne rêvais pas des paradis… Je voulais une terre…

Je passais inaperçue sous leurs yeux…
Vous me suivez, vous suivez mes lèvres tremblantes. Vous croyez que je répétais l’unicité d’Allah… vous vous trompez ! Je fermais les yeux et je me penchais sur mon passé… Non ! Je rêvais de mon passé ; ce que j’aurais pu être, et ce que j’ai toujours voulu être, si j’avais un petit bout de terre…
je sentis mes pieds dans la tombe ! je tombe ! je ne suis plus…
Pour eux, je suis sous terre, et bientôt à l’enfer…
Pour vous, je suis aux cieux, toujours vivante à coté de votre Dieu…
Moi, Fatima, je suis ici… j’enlace à jamais cette terre…  



 


Elle n'est ni juive ni musulmane ni chrétienne... C'est une terre cananéenne.